Tunisie : La mobilisation s’amplifie contre le référendum constitutionnel

Ils étaient plusieurs centaines de tunisiens à battre le pavé, ce dimanche 19 juin, de l’avenue Habib Bourguiba, la principale artère du centre-ville de Tunis dans ce qui a été considéré comme la plus grande manifestation de l’opposition depuis le gel du parlement le 25 juillet 2021.
Cette action de mobilisation devant le parvis du théâtre national de la capitale, est l’œuvre du Front du salut national, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile qui s’opposent à l’organisation d’un référendum initié par le Président Kaïs Saïed prévu le 25 juillet prochain.
Ce rassemblement intervient après le lancement officiel, en grandes pompes, de la précampagne électorale il y a deux semaines par les autorités et suite à une grève générale, organisée par le syndicat des travailleurs (UGTT), qui a paralysé la Tunisie le 16 juin dernier.
Cette grève avait sérieusement entamé la crédibilité de la démarche de dialogue avec l’opposition initiée par le Palais de Carthage ce mois-ci.
Azzeddine Hazgui président du collectif « Citoyens contre le coup d’Etat » qui a participé à la marche, estime que le processus initié par Kaïs Saïed n’étant pas sérieux, le qualifiant de “mascarade” qui ne brassera pas d’adhésion populaire.
Même son de cloche chez l’ancien chef du Gouvernement Ali Larayedh, du parti Ennahda, qui était présent à cette manifestation. Il a considéré que tout ce qui est fait en dehors du processus démocratique est une “escroquerie sans valeur”.
Larayedh a plaidé au retour à l’ordre d’avant le 25 juillet 2021 et à la restauration des institutions ayant précédé le « coup d’Etat ».
De son côté, l’homme politique et ancien député de la constituante, Ahmed Najib Chebbi, qui a fondé le 26 avril dernier le Front de salut national, a appelle à la mise en place d’un gouvernement de salut national, ayant pour mission de sortir la Tunisie de la crise multidimensionnelle qu’elle est en train de vivre depuis plusieurs mois.
“La Tunisie souffre d’une grande crise qui pèse lourdement sur l’avenir du pays en général…L’Etat est devenu incapable d’honorer tous ses engagements envers ses citoyens”, a-t-il affirmé ajoutant que “si la situation actuelle persiste encore nous sommes devant deux choix : Soit la destruction des institutions de l’Etat, soit le dialogue national pour sortir de l’ornière”.
Pour rappel le Front de salut national se compose de partis politiques d’opposition et d’organisations politiques comme Ennahda, Qalb Tounes, la coalition al Karama, le parti el-Harak, al Amal et le rassemblement des « citoyens contre le coup d’État ». Son objectif principal est de faire capoter le projet politique du président Saïed et un retour à la situation d’avant le 25 juillet 2021.
Les prochaines semaines s’annoncent difficiles pour les autorités tunisiennes qui souhaitent faire passer une nouvelle constitution qui accorderait les pleins pouvoirs au Président.
Une copie de l’ébauche du texte fondamental a récemment fuité et provoqué de nombreuses critiques sur le caractère dirigiste de de l’Etat en matière d’économie et les prérogatives jugées démesurées du Président.
Kaïs Saïed à qui on accordait une popularité auprès des citoyens tunisiens risque de voir cote s’éroder devant le manque d’adhésion au changement constitutionnel qu’il souhaite et à l’absence de résultats en matière de sauvegarde du pouvoir d’achat et de la mise en place de réformes économiques acceptées par le peuple et par la communauté internationale.
Le taux de participation au référendum du 25 juillet prochain sera un vari baromètre quant à l’adhésion des tunisiens de l’agenda politique de leur président.