Stationnement anarchique : 116 985 infractions enregistrées cette année

Le phénomène des stationnements anarchiques reprend de plus belle, et ce en dépit des efforts colossaux déployés par les services de la sécurité publique, lesquels ne ménagent aucun effort afin d’éradiquer ce fléau.
Durant la période allant du 1er janvier 2022 jusqu’à la fin d’août 2022, ces mêmes services ont enregistré 116 985 infractions liées au stationnement anarchique qui freine le trafic routier, a indiqué le commissaire principal Rabah Zouaoui, chef de bureau de la communication à la Direction de la sécurité publique (DSP), au Jeune Indépendant.
Les stationnements anarchiques sont un problème quotidien qui empoisonne la vie des citoyens. L’afflux du trafic routier dans la wilaya d’Alger s’aggrave d’année en année. Qui dit Alger dit bouchons et circulation, qui dit bouchons dit stress, retard et, par conséquent, rendement limité.
Pour Amel, qui habite Zéralda et travaille à Alger-Centre, c’est un calvaire. « Je prends chaque jour le bus. Je sors à 16 h de mon travail mais avec la circulation, je rentre souvent à 18h30, deux heures et demie pour une route de 45 minutes sans embouteillages », s’est-elle plainte.
Une galère au quotidien
Pour un autre usager des transports en commun (Saïd-Hamdine – Alger-Centre) « c’est quotidiennement la galère. Malheureusement, ça ne s’arrête jamais. C’est toujours embouteillé. S’ajoute à cela le comportement de certains conducteurs qui ne font qu’aggraver les choses ». Il a cité « le stationnement de certains conducteurs, n’importe où et n’importe comment, ainsi que le travail anarchique des taxieurs et des bus, qui s’arrêtent n’importe où, ce qui engendre des bouchons à longueur de journée ». La majorité des gens évitent de descendre sur Alger à cause du manque de places de stationnement, lesquels sont souvent squattés. Une jeune femme a confié : « Le jour où je dois aller à Alger, je laisse ma voiture à la maison. Je prends le bus car je ne trouve pas de stationnement. Même si je trouve une petite place, je suis contrainte de stationner ma voiture très loin. » Même constat pour Leila qui travaille à Ben Aknoun et réside à Dar El-Beida. « Nous sommes victimes du diktat des gardiens de parkings sauvages. Ils accaparent des aires de stationnement et nous obligent à payer alors qu’eux-mêmes sont dans une situation illégale. Ils nous déplument à chaque coin de rue. Et c’est sous un air menaçant qu’ils le font », a-t-elle témoigné.
Un père de famille a indiqué pour sa part : « A chaque fois que je viens à Kouba pour voir mon médecin, je galère à cause du stationnement. Pourtant, ce ne sont pas les places qui manquent, mais elles sont réservées par toutes sortes d’objets par les commerçants du périmètre. » Il convient de noter que les commerçants s’arrogent le droit d’installer aux abords des magasins des piquets, des chaises ou autres objets hétéroclites pour s’approprier des places pour leurs véhicules. Ces derniers temps, une mauvaise habitude est adoptée par les habitants de certaines cités. Ils s’approprient des places de parking en les barricadant par des chaînes de fer afin que personne n’accède à ces espaces devenus « privés ».
Si dans la capitale, les responsables s’échinent à combattre cette pratique, dans les autres communes, le problème reste entier.
Dans la rue Abane-Ramdane, à Alger-Centre, l’une des principales artères de la capitale, les agents de police dressent quotidiennement des P.-V. Ce ne sont pas moins de 50 conducteurs qui sont verbalisés chaque jour, a révélé au Jeune Indépendant un policier chargé de la sécurité publique rencontré sur les lieux. Le stationnement en deuxième position est devenu presque une habitude pour ces conducteurs, provoquant parfois d’énormes disputes entre les riverains et les automobilistes.
La DGSN sur le qui-vive
Pour sa part, le commissaire principal Rabah Zouaoui, chef de bureau de la communication à la DSP, a indiqué : « Durant la période allant du 1er janvier 2002 jusqu’à la fin d’août 2022, les services ont enregistré 116 985 infractions liées au stationnement anarchique, qui freine le trafic routier ». Selon lui, le phénomène des stationnements interdits et anarchiques a connu une recrudescence importante. La DGSN est à cheval. Elle n’a ménagé aucun effort pour éradiquer ce fléau social. « Le non-respect des places de stationnement autorisées est à l’origine de la congestion du trafic routier, de l’angoisse des citoyens et des accidents de la route mortels », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, le même responsable a fait savoir que la DGSN, en coordination avec la DSP, mène régulièrement de multiples campagnes de sensibilisation dans le but de sensibiliser les citoyens sur ce phénomène.
S’agissant des infractions, il a été enregistré 7 432 infractions liées au stationnement en sens contraire de la circulation en agglomération, sauf dispositions différentes prises par l’autorité compétente. En outre, 9 594 délits ont été commis suite au stationnement sur les trottoirs. Le commissaire principal a précisé que 5 288 fautes ont été répertoriées suite à un stationnement sur les passages pour piétons. « La DSP a recensé, durant la même période, 168 infractions relatives au stationnement dans les tunnels », a-t-il ajouté.
Il est question notamment, selon M. Zouaoui, de 772 délits enregistrés suite à un stationnement devant les établissements scolaires. « 2 123 violations ont été répertoriées pour stationnement devant le bord du trottoir peint en couleurs rouge et blanche », a-t-il indiqué. Par ailleurs, 7 079 délits ont été enregistrés pour stationnement dans des emplacements signalés par la plaque de stationnement interdit.
Les services de la sûreté de wilaya d’Alger ont procédé, durant le premier semestre 2021, au retrait de 16 094 permis de conduire et à la mise en fourrière de 5 555 véhicules à cause du stationnement anarchique. Cependant, toutes ces mesures n’ont pas dissuadé les contrevenants. A cause du manque de parkings autorisés, les automobilistes sont les proies faciles des jeunes attirés par l’argent facile et qui imposent leur diktat en squattant des ruelles, des trottoirs et des espaces transformés en lieu de stationnement. Ce qui crée une anarchie totale.
1 200 contrevenants appréhendés en 2020
La capitale souffre cruellement de ce phénomène, et ce en dépit des efforts colossaux déployés à différents niveaux pour éradiquer le phénomène de stationnement anarchique dans la wilaya d’Alger. Le lieutenant Ghoulam Gaanab, de la sûreté de wilaya d’Alger, avait indiqué que 1 192 aires de stationnement illicites ont été recensées durant cette période, dont 70% implantées dans les quartiers populaires de la capitale. Le phénomène s’accentue davantage en été, où les familles algéroises ont tendance à multiplier leurs déplacements, a soutenu le responsable. Les parkingueurs autoproclamés, avides de gain facile et rapide, imposent, sous la menace, leurs tarifs, au grand dam des automobilistes et au préjudice de la loi, pour ne pas évoquer les incidents et incivilités découlant d’une telle pratique.
1 273 contrevenants ont été appréhendés et traduits en justice dans le cadre des campagnes menées par les services de sûreté de wilaya pour assainir les rues de la capitale et garantir le droit des usagers de la route, a fait savoir M. Gaanab. Le numéro vert 15-48 est mis à la disposition des citoyens pour dénoncer les dépassements et agissements des usurpateurs de la qualité de « gardien de parking », a-t-il signifié.
Selon lui, les services de la sûreté de wilaya œuvrent à endiguer ce phénomène, notamment par des mesures visant à réglementer l’activité et définir les emplacements qui répondent aux conditions d’arrêt des véhicules. Des commissions mixtes ont été mises en place pour élaborer une réglementation régissant les espaces de stationnement au niveau des communes. Dans le cadre de la lutte contre les comportements routiers contraires aux règles du code de conduite et des efforts visant la réduction du nombre d’accidents de la circulation dans la wilaya d’Alger, notamment lors de la saison estivale 2020, un total de 2 258 permis de conduire ont été retirés et 205 véhicules placés en fourrière en raison du stationnement anarchique, outre l’installation de sabots à 3 920 véhicules pour stationnement interdit. La sûreté de la wilaya d’Alger appelle les citoyens à contribuer davantage à assurer « la sécurité », notamment sur les routes, et rappelle qu’elle met à leur disposition le numéro vert 15-48, celui du secours 17, l’application Allo Chorta et sa page Facebook pour signaler toute atteinte à leur sécurité et à leurs biens.
Dans le but de faire respecter la réglementation régissant la circulation routière, notamment en matière de stationnement, les services de la sécurité publique de la wilaya d’Annaba, ont accentué les contraventions liées au non-respect du code de la route et au stationnement anarchique, et ce dans le cadre du bien-être du citoyen. Les policiers ne sont plus indulgents vis-à-vis des conducteurs qui stationnent leur véhicule de façon anarchique, même pour quelques minutes. Le stationnement des deux côtés de la chaussée ou à la place d’un arrêt de bus n’est plus toléré », a rapporté un média local.
Selon la même source, toute infraction liée au stationnement anarchique est immédiatement sanctionnée. « La réprimande est le recours à la pose d’un sabot, qui avait disparu un certain temps. Signalons qu’à défaut de garage, le stationnement en ville est devenu un véritable casse-tête pour les automobilistes, qui se sont même approprié les trottoirs pour garer leurs véhicules. En effet, depuis quelques jours, les services de la sûreté mènent une dure campagne contre le stationnement anarchique. Les automobilistes doivent désormais s’assurer de la présence des agents de l’ordre pour se conformer à la loi et éviter des embouteillages aux heures de pointe, surtout au niveau de plusieurs établissements. Avec la lutte sans merci enclenchée par les autorités locales contre le marché informel, plusieurs voies ont été libérées et ont permis une meilleure fluidité de la circulation », a-t-elle ajouté.
Les infractions les plus constatées sont celles liées au non-respect des arrêts, notamment par les bus de transport abondamment chargés d’usagers. Ceux-ci n’hésitent pas à stationner au niveau de l’angle de la rue, créant ainsi des goulots d’étranglement.
Faut-il prendre des mesures encore plus sévères pour endiguer ce phénomène ?