Si El-Hachemi Assad : «promouvoir la langue et « la culture amazighes par des critères scientifiques»

A la tête du Haut-Commissariat à l’amazighité depuis le début de cette année, M. Si El-Hachemi Assad a organisé sa première activité en janvier dernier, célébrant yennayer dans la ville de Tébessa. Il reste encore un trimestre pour terminer l’année 2014, et le travail accompli en faveur du développement et du rayonnement de la langue et de la culture amazighes est immense.
M. Si El-Hachemi Assad s’est tracé une ligne de conduite à la fois humaine, objective et rationnelle en œuvrant en dehors des passions, en fédérant toutes les énergies et en se basant sur des critères foncièrement scientifiques. Ce travailleur acharné, au calendrier d’activités extrêmement bien rempli, a bien voulu répondre aux questions du Jeune Indépendant.
Le Jeune Indépendant : Nous sommes aujourd’hui à Béjaïa pour un rendez-vous scientifique portant sur la question de l’importance et de l’utilité des dictionnaires bien élaborés dans le développement et l’affirmation de la langue et de la culture amazighes. Pourquoi ce symposium ?
Si El-Hachemi Assad : La stratégie du Haut-Commissariat à l’amazighité repose sur une vision de développement basée sur des travaux scientifiques. Cette politique garantit et assure la pérennité et la durabilité de nos actions.
A ce titre, nous avons multiplié les rencontres de ce genre, tout en changeant le lieu de ces rendez-vous scientifiques avec, chaque fois, une thématique différente. Nous citerons à titre d’exemple les symposiums d’Azazga, de Tikjda, actuellement celui de Béjaïa et bientôt ceux de Djanet et de Ghardaïa. Ce sont-là des rencontres nationales.
Nous avons un remarquable creuset d’experts, d’universitaires et de chercheurs, et il convient de les réunir pour mettre à profit les résultats de leurs études et de leurs recherches.
Leurs travaux, qui feront l’objet de publication, viendront enrichir le patrimoine déjà existant dans les cinq variantes de la langue et de la culture amazighes (le chaoui, le zenet, le kabyle, le mzab et le tergui).
Nous élargissons, nos activités dans cette voie en organisant d’autres centres d’intérêt. C’est le cas, par exemple, de la mise en place, cet été, d’un camp pédagogique à Jijel au profit des meilleurs élèves en langue amazighe mais aussi celui de la tenue, pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie, de journées d’études internationales sur Massinissa, un authentique fondateur amazigh, il y a deux mille ans, d’un empire sur la terre de nos ancêtres.
Cette rencontre a eu un impact considérable. Elle a été honorée par la présence de deux ministres, démontrant l’intérêt porté par nos autorités à ce genre de rencontre. Nous préparons un congrès pour bientôt à Batna, qui mettra aussi l’accent sur les travaux scientifiques.
Ces travaux scientifiques ne font d’ailleurs pas seulement l’objet de tenue de symposiums ou de journées d’étude organisés par le HCA dans la mesure où vous élargissez leur envergure par des appels à contribution. Pouvez-vous nous donner quelques détails sur ces nouvelles dispositions.
Les sujets et thèmes ainsi que la réglementation concernant ces appels à contribution se trouvent consignés sur notre site web, www.hca-dz.org.
C’est un appel au grand public à contribuer, lui aussi, à la diversité des sensibilités, à l’enrichissement de la langue et de la culture amazighes, toujours dans son acceptation scientifique, et ce en signant des conventions. Ainsi, tout chercheur peut prendre attache avec le HCA pour la mise en œuvre de ses travaux. Nous avons mis sur pied un conseil d’experts pour étudier ces appels à contribution. Notre souci à moyen terme réside dans la création d’une académie de la langue amazighe pour une prise en charge de cette dernière avec toutes ses variantes. Ce projet figure dans les recommandations du symposium de Béjaïa.
Grâce à votre dynamisme exceptionnel, le Haut-Comissariat à l’amazighité programme, en parallèle, de nombreuses autres actuvités avant la fin de l’année. Peut on-en savoir plus ?
Nous voudrions d’abord remettre d’actualité les activités habituelles du HCA. Ainsi, le Salon du livre et des multimédias amazighs reprend à Bouira. Cette édition est marquée par la présence de la littérature chaouie et par la projection du film Fatma N’Soumer. Le Festival du film amazigh reprend aussi ses activités. Cette grande rencontre du cinéma a battu le record par sa longévité et par le nombre élevé de ses éditions. Elle ne sera plus cantonnée à Tizi Ouzou mais organisée, comme par le passé, dans les différentes villes du territoire national.
Nos autorités accordent aujourd’hui une grande place aux activités du HCA. En plus des walis, les ministres marquent les rencontres par leur présence. Comment évaluez-vous ce soutien ?
Effectivement, nos hautes autorités sont présentes à nos manifestations scientifiques.
C’est ainsi que Mme Nadia Labidi, ministre de la Culture, a consacré sa première visite officielle à notre journée d’études à Boumerdès. Pour le séminaire sur Massinissa, Mme Labidi est revenue, cette fois à El-Khroub, accompagnée de la ministre de l’Education nationale, Mme Benghebrit. Cette présence s’accompagne de prise de décisions et d’engagements concrets. C’est ainsi que nos moyens ont été renforcés par notre tutelle, ce qui nous a permis de réaliser aisément nos rencontres scientifiques. D’autre part, nous avons multiplié les conventions avec les institutions de l’Etat à l’image des universités, des maisons de la culture, de l’Office des droits d’auteur, des maisons d’éditions étatiques mais aussi des ministères comme celui de la Famille et de Solidarité,
Vous avez un riche calendrier d’activités. Avez-vous aussi des projets pour votre propre siège ?
Oui, bien sûr. Notre préoccupation première consiste à créer une bibliothèque et un centre d’archives mais aussi un lieu privilégié pour l’édition. Le siège du Haut-commissariat à l’amazighité doit ainsi devenir un centre important pour les chercheurs et universitaires.
Dans toutes ses réalisations, vous poursuivez des objectifs et un état d’esprit. Pouvez-vous nous dire quelques mots à ce sujet ?
En toute modestie, la multiplication des activités du Haut-Commissariat à l’amazighité a pour objectif de dresser des jalons solides pour la revalorisation, à très long terme, de la langue et de la culture amazighes.
Pour nous, ce sont les critères scientifiques qui prévalent, permettant ainsi le rayonnement et la promotion de cette culture, élément clé de notre identité nationale, loin des passions, avec l’esprit de fédérer toutes les énergies pour un même but noble et généreux.