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Monde

Libye : Le double-jeu de la France

Un pied à Tripoli avec le Gouvernement d’union nationale (GAN) et un autre à Benghazi avec le maréchal Haftar.  Une position officiellement assumée et une autre discrétement défendue sur le terrain.

C’est le jeu dangereux auquel se livre la France dans un pays transformé en ruines et en champ de bataille entre milices après une intervention décidée par l’ancien président Nicolas Sarkozy. Cet incroyable écart est dévoilé par les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot dans un livre qui vient de paraître à Paris sur le prestige perdu de la diplomatie hexagonale en Afrique du Nord et au Moyen-orient: le déclassement français. Les auteurs consacrent un chapitre à la situation en Libye avec comme titre “une cacophonie française” découlant de l’opération L’Harmattan qui a coûté à Kadhafi son pouvoir et sa vie.

Dans ce dossier, le président Bouteflika s’ets révélé très lucide dans un entretien avec Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy: “Monsieur le ministre, je vais vous donner un conseil: vous perdez votre temps parce que vous ne connaissez pas ce pays! Nous, on le connaît.

Nous partageons 2.000 km de frontière commune. La Libye n’est pas un Etat mais un pays de tribus. Les gens vont se battre entre eux. Les armes vont se propager dans toute la région, y compris en Algérie en en Tunisie. Dans quelques années, tous ces groupes terroristes vont se déplacer vers le Sud et vous les retrouverez au Sahel”. Avertissement ou conseil ignoré parce que Sarkozy rumine de se venger de Kadhafi à qui il a déroulé le tapis rouge à Paris, le sortant de son isolement international.

Le “guide”, installé dans sa tente dressée face à l’Elysée, a signé pour 10 milliards d’euros de contrats qu’il ne réalisera pas.  Kadhafi éliminé, espions et hommes d’affaires accourent en Libye. Mais l’euphorie est de courte durée parce que le pays se disloque. En 2014, un ancien officier exilé aux Etats-Unis revient avec l’ambition de remettre de l’ordre, depuis Benghazi. C’est le maréchal Khalifa Haftar. Il obtient le soutien de l’Egypte et des Emirats. Paris met à la disposition du Caire des moyens pour surveiller la frontière avec la Libye et s’embarque aussi avec Haftar dont elle encadre les forces grâce au service action de la DGSE.

Mais en 2016, un gouvernement d’union nationale est mis en place sous la conduite de Fayez al-Sarraj qui devient ainsi le rival de Haftat. Il est reconnu par l’ONU. Au nom de la légalité internationale il est aussi soutenu  par Paris. Mais la France continue de soutenir en sous-main le maréchal sous le motif de la lutte contre le terrorisme. Depuis, la France se livre à un double. Une action officielle avec Tripoli. Une action clandestine avec Benghazi. Commandement des opérations spéciales d’un côté. Agents de la DGSE de l’autre. Et chacun ignorant le rôle de l’autre. Au point de provoquer de “nombreux faux pas sur le terrain” et des “tensions” entre la DGSE et Forces spéciales.

Quand Haftar lance son offensive sur Tripoli en avril 2019, la France le soutien. Elle mise sur une défection du général Oussama -al-Juwaïli, commandant du secteur militaire  du GAN. Erreur, il résiste. Résulat: les 13 éléments des forces spéciales françaises embarqués avec lui doivent plier bagage pour ne pas se retrouver avec leurs camarades de la DGSE qui sont en face. Ils sont démasqués sans gloire au poste frontalier de Ras Jedir par les douaniers tunisiens…  

 

 

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