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Culture

Exposition «Abd el-Kader » à Marseille  : L’Emir Abdelkader étale sa grandeur au Mucem

Exposition «Abd el-Kader » à Marseille  : L’Emir Abdelkader étale sa grandeur au Mucem
A visitor looks at a painting of Emir Abdelkader during the exhibition "Abdelkader, a figure of the Algerian independence" at the Mucem Museum in Marseille, southern France, on April 5, 2022. - Seen as one of France's worst enemies in the late 19th century, Emir Abdelkader, the Algerian military hero who resisted France's colonisation of the North African country, is considered one of the founders of modern-day Algeria for his role in mobilising resistance to French rule. (Photo by Nicolas TUCAT / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY MENTION OF THE ARTIST UPON PUBLICATION - TO ILLUSTRATE THE EVENT AS SPECIFIED IN THE CAPTION

En juin 2023, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) fêtera ses dix ans. ‘’Principale promenade du dimanche’’ à Marseille — selon une formule désormais consacrée –, le Musée se livrera, selon toute vraisemblance, à l’exercice de l’inventaire décennal.

A l’heure de regarder dans le rétroviseur pour revisiter les évènements thématiques antérieurs, l’institution s’attarderait très certainement sur « Abd el-Kader », cette ‘’exposition d’envergure’’ qui, quatre mois durant, s’est attachée à ‘’remettre en lumière la figure d’’’Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle’’. 

Inaugurée le 6 avril dernier par un vernissage très médiatique, l’exposition a pris fin lundi 22 août. Si aucun bilan chiffré du nombre de visiteurs n’a encore été officiellement établi, la manifestation a tenu ses promesses en séduisant un large public venu d’horizons divers : Marseillais de différents origines, touristes hôtes en grand nombre de la cité phocéenne en cette saison estivale post-covid, universitaires et chercheurs à pied d’œuvre dans les campus de France, à commencer par l’université d’Aix-en-Provence, la plus ‘’algérienne’’ de par le catalogue de ses travaux. 

Les journalistes familiers des activités du Mucem en sont convaincus : l’exposition « Abd el-Kader » fera date et émargera au rang des évènements qui ont apporté un ‘’plus’’ à l’établissement. Signe tangible de sa portée et sa richesse thématiques, 250 œuvres et documents se sont offerts aux regards des visiteurs au pied du fort de Saint-Jean et à un quai des paquebots venus du Maghreb. Comparée aux expositions antérieures – Institut du monde arabe en 2002, Année de l’Algérie en France en 2003, musée La Piscine de Roubaix en 2019 pour ne citer que celles-ci –, la thématique du Mucem a été conçue comme une invitation ‘’à une meilleure connaissance’’ de l’émir.

L’exposition s’est appuyée sur les recherches académiques les plus récentes, singulièrement les travaux de Ahmed Bouyerdene. Spécialiste de la vie et de l’œuvre de l’émir Abd el-Kader, ce chercheur en histoire a été le conseiller scientifique de l’exposition aux cotés de Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon et acteur du dialogue interreligieux. 

Pilotée par les deux commissaires Camille Faucourt et Florence Hudowicz avec le concours du Conseil scientifique et de l’équipe des scénographes, l’exposition ‘’s’est attachée de dérouler ‘’le fil chronologique’’ de la vie d’Abd el-Kader et d’’’explorer certains aspects saillants de sa personnalité et de son action’’. Pendant quatre longs mois, le ‘’vaisseau en dentelle de béton’’ – selon une des formules imagées collées au site – a reçu Abd el-Kader ibn Muhyî ed-Dîn sous ses multiples profils : ‘’émir de la résistance, saint combattant, fondateur de l’Etat algérien, précurseur de la codification du droit humanitaire moderne, guerrier, homme d’Etat, apôtre’’.  

Le moment venu, le Mucem et ses équipes auront l’occasion d’en dire plus sur le bilan de cette exposition et d’expliquer en quoi elle fera date dans la feuille de route de Musée. Mais d’ores et déjà, l’évènement thématique peut se targuer d’avoir atteint son objectif en rassemblant des objets et des archives en nombre ‘’afin de croiser les sources provenant des deux rives de la Méditerranée’’ et d’’’éclairer ce personnage qui semble avoir eu mille vies’’.

Soucieux de connaitre le sentiment des visiteurs sur ses évènements thématiques, le Mucem n’a pas manqué – comme il le fait systématiquement – de sonder le public et ses impressions via un registre électronique. Avant cette exposition, l’émir était ‘’assez méconnu’’ en France et est ‘’tombé dans l’oubli’’, selon Camille Faucourt, l’une des deux commissaires de cette thématique. Avant avril 2022, lorsqu’il surgissait dans le débat francais, Abd el-Kader surgissait ‘’à travers la figure du vaincu qui s’est rallié à l’+esprit français+’’.

Une vision ‘’un peu datée puisqu’elle nous vient de la seconde moitié du XIXe siècle, et nous a été transmise par les manuels scolaires du siècle suivant, qui le présentaient comme un chef de guerre  ayant accepté la légitimité de la conquête si bien qu’il serait devenu un allié de la France (…) Abd el-Kader serait donc le résistant vaincu qui éprouve une sincère admiration pour la France.

C’est cette image d’Épinal qui a subsisté dans l’imaginaire français’’. C’est bien à cette image d’Épinal que l’exposition « Abd el-Kader » s’est attaquée avec l’objectif de remettre en lumière – par la preuve des objets, des documents et des connaissances récentes — cet ‘’émir de la résistance’’, ce ‘’saint combattant’’, ce ‘’fondateur de l’Etat algérien’’, ce ‘’précurseur de la codification du droit humanitaire moderne’’. Nul doute qu’une fois passées au crible de l’analyse, les impressions laissées par les visiteurs permettront d’en savoir plus sur l’image de l’émir en 2022.      

 

  

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