Crise au Niger : La Cédéao maintient ses menaces
Une éventuelle intervention armée au Niger était au centre des discussions des chefs militaires de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui se sont réunis pendant deux jours dans la capitale ghanéenne Accra.
Cette réunion s’est déroulée à huis clos et pratiquement rien n’a filtré des débats de ce vendredi. Les chefs d’état-major des armées ouest-africaines ont maintenu leur menace de lancer une offensive militaire sur des objectifs précis au Niger, tout en renforçant leur embargo économique sur le pays. Le but de ces opérations combinées est de faire plier les putschistes, de libérer le président renversé Mohamed Bazoum et rétablir l’ordre constitutionnel.
La Cédéao pourrait mobiliser plusieurs milliers d’hommes, la Côte d’Ivoire ayant déjà annoncé pouvoir fournir un bataillon de 800 à 1 100 soldats, tout comme le Ghana ou le Bénin, alors que le Nigéria est prêt à mobiliser 15 000 soldats, en plus du matériel, des moyens logistiques et des armes. Le bloc ouest-africain a d’ailleurs au moins sept opérations militaires à son actif, sous le régime de la force en attente, notamment en Gambie, en Guinée Bissau et au Libéria.
Les conclusions de cette réunion de grande importance sont très attendues par les milieux politiques et diplomatiques de la région, bien que l’organisation régionale privilégie la carte de la négociation pour résoudre la crise. Déjà on prévoit une mission des chefs militaires à Niamey pour convaincre les putschistes de suspendre leurs actions et de faire machine arrière.
« Alors que nous poursuivons nos délibérations aujourd’hui, je voudrais rappeler à tous que l’objectif de notre réunion n’est pas simplement de réagir aux événements, mais de tracer de manière proactive une voie qui préserve la paix, promeuve la stabilité et défende les principes démocratiques dans toute notre région. Nous devons nous rappeler que nos actions collectives d’aujourd’hui façonneront l’héritage que nous laisserons aux générations futures.
Le chemin qui s’ouvre devant nous n’est pas facile, mais c’est un chemin que nous devons néanmoins emprunter avec courage et détermination », a déclaré Général Christopher Gwabin Musa, chef d’état-major de la défense du Nigeria.
A la main tendue pour ouvrir des pourparlers et trouver une issue pacifique, la Cédéao n’a pas lâché son principe du départ. Elle a haussé le ton et veut aller plus loin dans son bras de fer avec Niamey. Signe de cette détermination, les paroles de Dominic Nitiwul, ministre de la défense du Ghana. « Si les gardes présidentiels en Guinée et au Niger, j’utiliserais le mot prennent en otage leur président, personne, et permettez-moi de le répéter, personne en Afrique de l’Ouest n’est en sécurité », a-t-il déclaré. C’est pourquoi, la Cédéao a décidé d’activer une « force d’intervention pour rétablir l’ordre constitutionnel » au Niger, tout en exigeant la libération du président déchu.
« La balle est dans la main de la junte, le CNSP, au Niger. S’ils se retirent du bord du gouffre, l’option militaire ne sera pas nécessaire. Mais nous voulons les avertir que toutes les options sont sur la table», prévient encore Abdel-Fatau Musah, commissaire de la CEDEAO. A Niamey, les putschistes sont inflexibles. Ils retiennent toujours prisonnier Mohamed Bazoum qu’ils comptent poursuivre pour « haute trahison ».
Après l’Union africaine, c’est au tour de l’ONU de fustiger le coup d’État, le qualifiant de « coup de tête ». « Les généraux ne peuvent pas s’arroger le droit de défier – sur un coup de tête – la volonté du peuple. La loi des armes n’a pas sa place dans le monde d’aujourd’hui », a fustigé Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, dans un communiqué. De son côté, l’Allemagne réclame des « sanctions » de l’Union européenne contre les auteurs du coup d’État. Une proposition qui sera soutenue certainement par la France et suivie par les autres membres de l’Union.