Du charbon croate pour le complexe d’El-Hadjar

Après l’importation de 10 971 tonnes de charbon ke importées de Croatie en novembre dernier, Sider El-Hadjar déchargeait ce dimanche , au port d’Annaba, une deuxième cargaison de 10 099 tonnes du même produit et en provenance du même pays.
Parallèlement, Sider El-Hadjar a déjà importé des milliers de tonnes de fer brut en raison des insuffisances dans la production du minerai de fer des mines de Boukhadra et de l’Ouenza. Ces importations, faut-il le rappeler, ont été autorisées par le ministre de l’Industrie afin d’assurer au haut fourneau n°2 (HF2) de tourner à plein régime.
Ainsi, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar replonge, comme au temps d’ArcelorMittal, dans l’approvisionnement de la matière première à partir de l’étranger. Durant la période de feu Houari Boumediene, quand le complexe sidérurgique d’El-Hadjar s’appelait SNS (Société nationale de sidérurgie), on n’importait pas la matière première pour fabriquer de l’acier. Et l’acier qui sortait de l’usine sidérurgique d’El-Hadjar était à 100 % algérien et de très bonne qualité. L’Algérie de l’époque exportait son acier vers les Etats-Unis, l’Italie, le Japon, l’Allemagne et d’autres pays encore, et les besoins sidérurgiques de l’Algérie étaient fournis par le complexe d’El-Hadjar. C’est depuis ArcelorMittal Algérie que la gestion du complexe sidérurgique d’El-Hadjar a commencé à montrer plusieurs manquements. Du statut de producteur d’acier, ArcelorMittal a rendu le complexe sidérurgique d’El-Hadjar importateur d’acier. Il importait toute forme d’acier avant de les transformer. Ce n’est qu’en 2015, sous la pression de certains partis politiques et des personnes au courant de la gestion catastrophique du géant mondial de la sidérurgie mondial, ArcelorMittal, que les choses ont commencé à changer.
Lakshmi Mittal, patron d’ArcelorMittal, au cours d’une rencontre en Suisse avec Issad Rabrab, avait proposé à l’homme d’affaires algérien de lui céder les 70% qu’il détient au complexe sidérurgique pour 250 millions de dollars. Mais Rabrab lui a répondu : «Le complexe sidérurgique d’El-Hadjar vaut mille fois plus. Il n’a pas de prix !». A l’époque, toute la presse nationale, dont le Jeune Indépendant, avait repris l’information. Moins sérieux encore, voire grotesque, ArcelorMittal avait proposé à l’Etat algérien de lui vendre le complexe sidérurgique en ferraille et de transporter l’ensemble du fer en Inde. C’était le comble. L’Etat algérien a essayé de reprendre le contrôle de la gestion du complexe sidérurgique en s’introduisant à hauteur de 51% dans les affaires dudit complexe mais cela restait insuffisant. Et ce fut bientôt la cession des capitaux d’ArcelorMittal.
Renationalisation du complexe sidérurgique d’El-Hadjar
Obligé de quitter l’usine d’El-Hadjar, ArcelorMittal cède. La cession des actions d’ArcelorMittal Group (49%) à titre gracieux en faveur de l’Etat algérien n’était pas un cadeau du leader mondial de l’acier. L’Etat algérien, repreneur du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, d’ArcelorMittal Pipes and Tubes et ArcelorMittal Tébessa, devait désormais assumer à 100% le passif et l’actif de la gestion d’ArcelorMittal Algérie. Autrement dit, les dettes astronomiques laissées par l’ex-principal gérant de l’usine d’El-Hadjar seraient à la charge du repreneur, c’est-à-dire l’Etat algérien. Personne de nos jours ne connaît le montant exact de ces dettes mais surtout l’état de dégradation des installations industrielles du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, pourtant rénovées avant d’être cédé en 2001 au dinar symbolique à Ispat, devenu Mittal Steel, avant de devenir ArcelorMittal suite à sa fusion avec Arcelor. Un milliard de dollars avait été injecté alors par le gouvernement dans le plan de développement du complexe sidérurgique dans l’objectif d’un redémarrage potentiel après réhabilitation des installations industrielles, avec pour objectif premier une production de 1,2 millions de tonnes. A l’époque nous avions interrogé le député Smain Kouadria, anciennement secrétaire général du syndicat d’entreprise d’ArcelorMittal Algérie, sur les réels
motifs du départ de Lakshmi Mittal. Il nous avait alors répondu que « ce sont les propositions contenues dans la loi de finances 2016 qui ont fait fuir ArcelorMittal par intérêt financier». Dans la loi de finances 2016, il est stipulé que «des taxations importantes ont été adoptées pour instituer des barrières douanières concernant les importations des produits sidérurgiques tels que les produits finis ou semi-finis. Ainsi, les produits finis seront taxés à hauteur de 30% et les semi-finis à 20%. M. Kouadria ajoute : «C’est la raison principale du départ d’ArcelorMittal, qui n’a jamais satisfait les accords signés avec le gouvernement algérien pour satisfaire l’autonomie national en produit sidérurgique (…) Les propositions contenues dans cette loi de finances protègent et encouragent l’économie nationale, donc pourquoi importer alors que nous avons les capacités de produire». Toujours selon M. Kouadria : « ArcelorMittal, depuis son arrivée en Algérie, n’a jamais dépassée une production de 1 million de tonnes d’acier liquide, et débâcle après débâcle, cette entreprise, pourtant de renommée internationale, n’avait produit durant l’année qui avait précédé son départ que 200 000 tonnes et s’est même spécialisée d’importer du rond à béton pour l’Algérie à travers ses différentes usines sidérurgiques basées à travers le monde». Donc, de nos jours encore, la gestion du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, comparativement à celle d’ArcelorMittal Algérie, est toujours en peine de se développer bien que ses installations industrielles aient été rénovées.